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25 novembre 2009

Premier Combat


Jaufré, roman occitan du XIIe siècle, appartient au cycle des romans arthuriens qui racontent les aventures des chevaliers de la Table Ronde, autour du roi Arthur.

La première noble cause qui s’impose à Jaufré est de venger deux chevaliers tués et un autre blessé par l’orgueilleux et brutal Estout de Verfeuil. Il cherche celui-ci, le trouve enfin, lui demande raison de ses crimes. Après l’échange rituel de menaces et d’insultes, ils se préparent à combattre.

Vers- 1055-1183 Extrait du Roman de Jaufré(XIIe)


Alors Estout a pris du champ
et Jaufré s’est préparé
au combat qu’il attend.
Puis ils ont couru l’un contre l’autre
au galop de leurs chevaux.
Estout a frappé Jaufré
juste | la boucle de l’écu
et le lui a fendu et rompu
si bien que la lance
l’a transpercé
et a démaillé le haubert
du côté gauche.
Mais elle n’a pas touché la chair.
Jaufré lui aussi a asséné
sur l’écu de son adversaire un tel coup
qu’il lui a fait perdre les deux étriers
et l’a obligé | vider les arçons,
si violemment qu’il a failli se rompre le cou
en tombant. Sa tête a frappé le sol d’
un tel coup qu’il en est resté étourdi.
Mais aussitôt il s’est relevé d’un bond,
a tiré l’épée, sans attendre,
en homme de guerre avisé,
vers Jaufré il s’est élancé,
plein de colère et de rage
et Jaufré, le voyant, descend
de son cheval qu’il ne veut pas voir
blessé, mutilé ni tué.
Et il met l’écu devant sa poitrine,
et Estout y porte de tels coups
d’épée, en homme fou de rage,
qu’il le fend d’un bord | l’autre,
puis il retire l’épée vers lui.
« Par saint Pierre, s’écrie Jaufré,
vous croyez prendre une cruelle vengeance,
mais, si je peux, je vous la vendrai cher. »
Et il lui donne sur le heaume
un tel coup qu’il en fait jaillir du feu,
mais sans toutefois l’entamer plus
que s’il ne l’avait pas touché.
Et Estout lui aussi l’a assailli
si violemment qu’il lui a taillé
le premier quartier de l’écu
et un bout du haubert,

et il a fait sauter son épée
à terre si vite et si fort
qu’il lui a rasé le talon et coupé l’éperon.
Jaufré a pu esquiver
mais non sans admirer
la force du coup qu’il a vu porter.
Plein de courroux, il se mit à frapper
Estout sur son heaume brillant
si bien que l’épée se rompit
et se partagea en deux,
mais sans entamer le heaume.
« Eh, Dieu, dit Jaufré, qu’est ceci ? »
Qu’il aille au diable celui qui t’a fait
ce heaume si bien trempé
que mon épée s’y est rompue. »
Et Estout ne fut pas mécontent
de voir à terre la moitié
de l’épée de Jaufré. Cela lui plut fort.
Alors, il asséna sur le heaume
du fils de Dozon un coup en règle
si bien qu’il lui en arracha un quartier
avec le nasal jusqu’| la ventaille.
Le combat aurait fini là
si Jaufré n’avait pas levé son écu
qui reçut le choc
et en fut ébréché d’une paume.
« Chevalier, tu me frappes durement,
dit Jaufré, et je me demande si je suis envoûté
car, quelque coup que je donne,
je ne peux entamer ton heaume. »
Mais il lui donne avec la moitié de l’épée
qu’il tient un tel coup qu’il le jette | terre,
tout étourdi et privé
de la vue et de l’ouïe.
Et Estout qui se sent blessé
se lève tout étourdi
et comme un homme qui n’y voit pas,
il croit devant lui trouver Jaufré
mais c’est la terre qu’il frappe
de son épée qui s’y enfonce de la moitié.
Et, je vous le dis, s’il avait touché Jaufré,
il l’aurait coupé en deux.
Mais Jaufré, en homme avisé,
soudain lui fonce dessus,
jette son écu
et son épée, ou ce qu’il en reste,
et il le serre entre ses bras
et le broie si durement
qu’il lui fait craquer les côtes.
Estout s’écroule, n’en pouvant plus,
et son épée qui est si bonne
tombe par terre, inutile.
Jaufré commence à délacer
son heaume pour l’ôter de sa tête,
puis regardant autour de lui,

il voit l’épée. Il l’a déj| levée
et veut l’en frapper sur la tête.
Mais Estout qui ne peut se sauver
crie : « Chevalier, grâce !
Ne me tue pas, et prends de moi
la rançon que tu voudras.
Je reconnais que tu m’as vaincu. »
Jaufré répond : « Bien volontiers
je te fais grâce à condition
que tu fasses ce que je te dirai.
- Seigneur, je ferai volontiers
qu’il n’y a rien que vous demanderez
que je ne fasse, s’il est en mon pouvoir.
- Maintenant, dit Jaufré, lève-toi.
Tu iras trouver le roi Arthur,
là où il est, et te constituer prisonnier
avec les chevaliers qui sont là.
Mais tout ce que tu leur as pris,
tu le leur rendras,
et dis-lui que c’est moi qui t’envoie
et raconte-lui exactement comment
je t’ai vaincu par les armes.
- Seigneur, bien volontiers, par le Christ,
dit Estout, je ferai tout cela.
- Cela, dit Jaufré, et encore ceci :
le heaume et le haubert et l’écu
et l’épée avec lesquels tu as rompu les miens,
tu me les donneras. – Seigneur, bien sûr !
- Lève la main et prête serment.
- Certes oui, Seigneur, sans nulle tromperie. »

Relevez le lexique de l'équipement du chevalier puis visionnez les animations suivantes :

Lisez l'autre version de ce texte proposée dans ce manuel à la page 66 :

images

Quelles différences notez- vous entre ces deux versions ?

                

Voici une version plus récente :

Roman_de_jaufr__litterature_jeunesse

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